Le vélo pour se rendre aux sentiers

La pratique de la course en sentier peut faire émerger en nous un sentiment de connexion avec la nature. Un sentiment qui peut nous amener à faire des choix écologiques pour préserver l’environnement dans lequel nous aimons tant nous amuser. Ceci-dit, le fait d’utiliser un transport polluant pour aller pratiquer cette activité vient certainement saper une partie des efforts que nous faisons au quotidien. Des solutions existent et celle du transport actif me parle beaucoup. Si on devait avoir une mission sur Terre, la mienne serait de promouvoir l’utilisation de nos jambes pour se déplacer. Je vous rassure, pas besoin de devenir un écologiste extrémiste pour apprécier les joies de se déplacer à vélo. Que ce soit pour se rendre au travail ou aux sentiers, se déplacer en vélo c’est simple, amusant et bon pour la santé. Pour la petite histoire, mon premier contact avec le sport d’ultra-endurance date de 2009 où j’ai passé une cinquantaine de jours sur la route avec mon vélo. Un beau petit tour d’Europe avec des escales à Venise, Rome, Barcelone et Paris. Le genre de voyage qui vous transforme et vous fait grandir. Un peu comme un ultra, un condensé d’émotions, une petite vie en soi. Même si je faisais déjà du vélo avant ce périple, ma conception des distances et des possibilités n’est plus la même depuis. En plus d’être bon pour la planète, la pratique du vélo est un ajout intéressant dans la préparation à une épreuve d’ultra-endurance à pied. En dupliquant les opportunités de faire des efforts longs, on augmente aussi les apprentissages. J’ai écrit ce texte en ayant en tête un lectorat de coureurs en sentier qui aimerait utiliser le vélo pour se déplacer. Ceci-dit, certains ‘vrais’ cyclistes pourraient aussi y trouver de l’information intéressante. Bonne lecture!

En mode cyclo-touriste. Sans équipement de camping, je dormais surtout dans les auberges de jeunesse.

En mode cyclo-touriste. Sans équipement de camping, je dormais surtout dans les auberges de jeunesse.

D’abord, je tiens à préciser que même s’il est possible de dépenser des sommes faramineuses pour s’équiper, les options abordables existent aussi. J’ai longtemps roulé un vieux vélo des années 80 converti en pignon fixe. Vélo qui m’aura bien servi, que ce soit pour mes déplacements vers l’université ou pour aller en Gaspésie participer à une course de Trail. Bref, un vélo sans vitesses et sans freins peut vous amener loin!

Un vélo dans sa forme la plus simple et ça fait quand même le travail. 42/17 le ratio.

Un vélo dans sa forme la plus simple et ça fait quand même le travail. 42/17 le ratio.

Mis à part le cuissard de vélo qui est à mes yeux essentiel, les premières améliorations intéressantes pour améliorer votre confort sont des chaussures de vélo avec des pédales automatiques. Aussi, même s’il est possible de transporter des choses dans un sac à dos, un gros sac de selle est une option très intéressante, surtout que moins de poids dans le dos, c’est du poids en moins sur la selle. Les questions qu’on me pose souvent concernent le stationnement de mon vélo… Non, je ne le cache pas dans le bois et même si je suis toujours content de le voir encore barré à sa place à la fin d’une sortie, je ne cours pas avec la peur de me faire voler mon vélo. Une assurance habitation couvre normalement un vol de vélo et même si je tiens à mes vélos au point de leur donner des noms, ça reste du matériel. J’utilise un cadenas assez léger (quand même 460 grammes) et conséquemment facilement coupable par un malfaiteur, mais je doute que Orford ou Tremblant soient très fréquenté par des voleurs de vélo. J’utiliserai un cadenas plus sérieux si je dois me stationner au Mont Royal. Je passe le câble dans mon casque, mais je laisse souvent mes chaussures et mon cuissard sécher au soleil à la vue de tous. Qui volerait ça? Bref, ma naïveté m’amène à faire confiance aux humains, cette qualité me facilite grandement la vie.

Stationné au Parc National du Mont Orford.

Stationné au Parc National du Mont Orford.

Une fois qu’on a pris goût à faire quelques dizaines de kilomètres pour aller courir dans nos sentiers favoris, l’idée de faire du vélo-camping peut émerger dans notre esprit. Si vous avez déjà de l’équipement léger pour aller camper en mode randonnée, vous n’aurez besoin de rien d’autres si ce n’est que de faire tenir tout cet équipement sur votre monture. Comme je le mentionnais, un sac de selle bien fait est un très bon achat. C’est moins le cas pour un sac de cadre… Personnellement, mes genoux sont naturellement assez proches de mon cadre, donc pas question d’y mettre un sac aussi étroit soit-il. Ceci-dit, je peux assez facilement attacher ma tente, une Tarptent Double Rainbow sur mon cadre. Pour ce faire, j’utilise deux simples sangles et un garde de très grande qualité (découpé à même un gallon de jus d’orange) pour éviter que ma chaîne ou mes manivelles n’abîme ma précieuse tente. Le désavantage est de réduire le nombre de porte-bouteilles et l’hydratation c’est important! Toujours possible de mettre des bouteilles sur votre fourche, mais on perd alors en aérodynamisme. C’est un jeu de compromis. Comme sac de guidon, un simple sac étanche fait très bien l’affaire, une sangle peut suffire pour le faire tenir si on utilise le système de fermeture comme deuxième point d’attache. Les sacs de guidon vendus sur le marché sont souvent des sacs étanches combinés à un système d’attache d’une inutile complexité. J’essaie généralement de mettre plus de poids à l’avant que dans le sac de selle, le vélo est ainsi plus stable et ça compense pour votre poids qui sera toujours plus important sur la roue arrière.

Huit jours de vacances aux États-Unis incluant le Whiteface VK & Skyrace et une Pemi-loop. Le vélo seul pèse 11 kg auxquels s’ajoute environ 7 kg d’équipement.

Huit jours de vacances aux États-Unis incluant le Whiteface VK & Skyrace et une Pemi-loop. Le vélo seul pèse 11 kg auxquels s’ajoute environ 7 kg d’équipement.

Pour les sorties où l’efficacité prime sur le confort, j’ai récemment acheté un bivouac Outdoor Research qui me permet de rouler plus léger et d’être plus aérodynamique. C’est cette option que j’ai utilisé l’an dernier pour le défi Harricana tout l’été où j’avais parcouru les 350 km me séparant de La Malbaie en une seule journée, à l’aller comme au retour. Ça donne un poids de 1.1 kg pour le système de sommeil entier (sac de couchage, bivouac et matelas) alors que ma tente seule pèse 1.3 kg. Il serait possible d’utiliser simplement un bivouac de survie et pas de matelas, mais le confort deviendrait alors très compromis. Je transporte généralement seulement ma nourriture pour la ride et je m’arrête faire une épicerie le plus proche possible de mon lieu de camping.

Au Camping des Chutes Fraser pour le défi du Loup Solitaire.

Au Camping des Chutes Fraser pour le défi du Loup Solitaire.

Un élément essentiel lors d’un tel périple est de maintenir un apport constant de glucides. Je pars généralement avec des calories liquides dans les bouteilles et les poches bien pleine de barres XACT ou des confections maison. Pour ça, les gâteux de riz et des boules d’avoine sont difficiles à battre en termes de simplicité, de transportabilité et de rapport calories/prix.

Boules d’avoine à porter de main: des flocons d’avoine à cuisson rapide, du sirop d’érable, de l’eau bouillante. J’ajoute un peu de sel et de la cannelle. Imbattable en terme de simplicité de préparation.

Boules d’avoine à porter de main: des flocons d’avoine à cuisson rapide, du sirop d’érable, de l’eau bouillante. J’ajoute un peu de sel et de la cannelle. Imbattable en terme de simplicité de préparation.

Ce ne sont pas les dépanneurs qui manquent pour se ravitailler, mais les options qu’on y trouve ne sont pas toujours idéales. Les barres sont souvent trop grasses et c’est encore plus vrai pour les options sans gluten (je suis cœliaque) qui contiennent souvent beaucoup de noix. Mon option classique de dépanneur, à moins de trouver des barres de la marque Made Good, est d’acheter du Gatorade pour remplir mes bidons, un RedBull à consommer immédiatement pour maintenir mon niveau de caféine et des Lay’s cuitent au four, une option sans gluten, abordable, alléchante, contenant du sodium et à peine plus grasse qu’une barre Clif. L’idéal est de vider le sac directement dans un sac à bouffe, un accessoire de bikepacking plutôt utile. Quand c’est possible, un arrêt dans une boutique de sport pour de la vraie nutrition sportive, c’est une idée. Ceci-dit, je préfère généralement m’arrêter dans les petits villages et traverser les villes (où je trouverais certainement plus facilement des barres XACT) sans m’arrêter. Surtout parce qu’en ville, le trafic suffit à me stimuler et que je préfère entrecouper l’ennui des grandes distances en m’arrêtant. La photographie d’église est aussi une bonne façon de prendre une pause de temps en temps.

Ravitaillement.

Ravitaillement.

Quand on se met au vélo, il faut parfois quelques sorties pour se sentir confortable sur sa machine, mais il n’est pas normal d’être inconfortable sur sa selle. En fait, c’est rarement la selle le problème, mais souvent la position de celle-ci. Je ne suis pas un expert en positionnement à vélo, mais je partage l’avis de Phil Burt (lui c’est un expert) sur le fait qu’il faut généralement que la portion de celle-ci sur laquelle on s’assoit soit parfaitement à l’horizontale ou même légèrement incliné vers l’avant (tant qu’on ne glisse pas sur celle-ci). Aussi, la hauteur de la selle joue pour beaucoup sur le confort. Une selle trop haute nous amène souvent à l’avant de celle-ci et on se retrouve avec une seule position confortable qui ne l’est pas tant que ça après quelques heures. Il est aussi important de savoir qu’une position plus assise n’est pas systématiquement plus confortable. En plus d’être moins aérodynamique, être plus assis (avoir le tronc plus vertical), c’est aussi mettre plus de poids sur la selle… Bref, slam that stem. Plutôt que d’avoir recours à des extensions de style triathlon, je préfère un guidon étroit pour être aérodynamique et avoir un vélo qui conserve une certaine esthétique. Le style c’est important en trail, mais ce l’est encore plus en vélo!

La notion de confort est évidemment très individuelle. Par exemple, comme je dors sans oreiller même à la maison, un quelconque oreiller gonflable ne me serait d’aucune utilité, alors qu’un bon café fera mon bonheur. Une option simple est évidemment d’acheter un café dans un établissement de restauration. Ceci-dit, cette option implique nécessairement de se déplacer du site de camping au café, ce qui n’est pas nécessairement évident sans stimulant dans le corps. Pour ce qui est de faire son café soi-même, l’option la plus légère est le café turc fait directement dans votre unique pot. L’important est alors d’avoir une mouture très fine, plus fine encore qu’une mouture espresso. Ces derniers temps, j’expérimente avec le Yerba Mate, mais même si j’en apprécie les propriétés stimulantes, je ne sais pas encore si cette option pourrait remplacer entièrement ma consommation de caféine sans que j’aie mal à la tête. Ceci-dit, une gourde en silicone et une bombilla, c’est léger et facilement transportable. Dans tous les cas, le rituel de se faire un café ou un maté c’est bon pour l’âme.

Café turc.

Café turc.

Si vous roulez vraiment longtemps, il faudra aussi penser à illuminer votre chemin. Avec ces 1000 lumens, ma frontale Stoots de trail fait la job, mais je rêve de m’équiper d’une roue avec dynamo pour pouvoir m’éclairer, mais aussi pour être autonome en énergie pour recharger mon téléphone et mon GPS. J’aimerais vous éclairez un peu plus à ce sujet, mais je n’y connais pas grand-chose, n’ayant pratiquement jamais roulé la nuit. Pour la navigation, j’utilise généralement l’application Komoot pour me faire un tracé que je télécharge dans mon Garmin 530. Même si une montre fait l’affaire pour enregistrer votre activité et même pour suivre un tracé, un GPS de vélo plus avancé vous permet d’avoir une vraie carte en couleur avec le nom des rues. Pratique, mais pas essentiel. Même chose pour le capteur de puissance qui ne vous semblera essentiel qu’une fois que vous en aurez un… J’utilise les pédales Favero Assioma pour mesurer la puissance. Intéressant pour quantifier la charge de l’entraînement, surtout quand vient le temps de se déplacer à vélo pour participer à un ultra-marathon. Pour avoir des bonnes jambes malgré les heures passé sur le vélo dans les jours précédant la course, j’ai recours à un affûtage en deux phases. Il est alors très pratique d’avoir la puissance sous les yeux parce qu’avec des jambes fraîches et l’excitation de l’évènement il serait très facile de pousser trop fort et ainsi saboter la préparation.

Le profil des 350 km à venir… Seulement deux petites bosses après Québec.

Le profil des 350 km à venir… Seulement deux petites bosses après Québec.

Comme certains lecteurs pourraient ne pas être familier avec le cyclisme, je me permets de préciser certaines règles de base :

  • Les branches de vos lunettes, idéalement des Julbo, vont par-dessus les sangles de votre casque.

  • Évidemment, il faudra vous raser les jambes. En plus d’être beau, c’est avantageux pour la thermorégulation.

  • Chaussettes à mi-mollet.

  • À une lumière rouge, s’asseoir sur son cadre c’est encore plus cool que de ne pas s’arrêter.

La crevaison occasionnelle qui vient nous rappeler pourquoi la course à pied c’est quand même mieux.

La crevaison occasionnelle qui vient nous rappeler pourquoi la course à pied c’est quand même mieux.

Finalement, il est très pratique de regrouper tout votre équipement de vélo-camping en un seul endroit. Que ce soit un tiroir dans une commode, un bac en plastique dans votre garage ou un duffle bag. L’idée est d’éviter de courir partout et perdre un temps fou à chaque aventure. Aussi, plutôt que de passer la première moitié de votre ride à angoisser sur la possibilité d’avoir oublié quelque chose et la seconde à cogiter sur comment vous aller faire pour survivre sans l’article manquant, vous pourrez partir l’esprit tranquille. Les choses que vous avez décidé de ne pas amener restent dans le tiroir/bac/sac. Une bonne organisation facilite la première étape qui est toujours celle de partir et une fois parti, on peut aller loin!

Le vélo c’est bon.

Le vélo c’est bon.

En espérant que ce texte vous donnera envie de faire plus de vélo et, se faisant, vous permettra de réduire votre empreinte écologique. Si je réussis à influencer suffisamment de gens à réduire leur impact écologique, ne serait-ce qu’un tout petit peu, la somme de ces diminutions pourrait être plus importante que mon impact écologique total. Ce qui implique que l’ensemble de mes actions, incluant l’écriture, la publication et le partage de ce texte, pourraient avoir un impact plus grand sur la planète que l’action unique de me composter pour nourrir les plantes.

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